180 secondes avec Jonathan Albrecht / Kinesix Sports

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Chaque mois, Les Soirées Mangrove invitent trois entreprises en démarrage à tester leur pitch en 180 secondes. Mais que se cache-t-il derrière ces 180 secondes ? Nous leur donnons une seconde voix afin d’en découvrir davantage sur ces acteurs de changement. Entrevue propulsée par Tak Design Industriel Inc.

Nous avons rencontré Jonathan Albrecht de Kinesix Sports, participant de la 6e édition des Soirées Mangrove, pour discuter de son cheminement entrepreneurial.

Comme plusieurs, Jonathan nous a confié avoir commencé son parcours d’entrepreneur par une mauvaise expérience s’étant clos sur un projet avorté. Son premier projet, Kinima, n’a jamais vu le jour ; « Nous avions même été choisis par le Centech pour y incuber notre entreprise. On s’est retrouvé à être une équipe de 5 avec un ingénieur informatique et un ingénieur électronique qui ont malheureusement quitté en raison d’un conflit d’intérêts et suite à ça il nous a fallu chercher à les remplacer sans succès. »

C’est après avoir perdu son dernier emploi que l’entrepreneur a lancé un nouveau projet qui deviendra Kinesix Sports; « ça [la perte de son emploi] a vraiment été l’élément déclencheur pour partir mon entreprise, même si je savais que je me lançais dans l'un des domaines les plus féroces et compétitif qui soit. Je me rends compte maintenant que j’aurai dû lancer cette entreprise il y a bien longtemps finalement, mais, comme beaucoup de gens, la sécurité de l’emploi me faisait penser qu’il fallait que je travaille encore sur mes idées avant de me lancer. »

KINESIX Sports est aujourd’hui une marque québécoise spécialisée en design et fabrication de vêtements et accessoires de performance. On y retrouve, entre autres, les « premières manches de protection compressives* au monde. »

Jonathan nous en raconte davantage sur son cheminement, sa vision entrepreneuriale ainsi que sur les études portées sur la performance de l’un de ses produits ;

Pour toi, c’est quoi un bon entrepreneur ?

« Un entrepreneur est un preneur de risque, une personne qui n’hésite pas à sortir de son confort pour atteindre un objectif que d’autres pensent inatteignable et qui ne se laisse pas abattre à premier échec.»

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec les vêtements de compression, peux-tu expliquer ce que c’est ?

« Les vêtements de compression, selon les fabricants de ce genre de vêtements, sont supposés accélérer le retour du sang vers le cœur, ce qui aurait pour résultat d’améliorer la performance durant l’effort et diminuer le temps de récupération entre autres. »

Plusieurs études semblent diverger vis-à-vis l’apport bénéfique des vêtements de compression. Que réponds-tu aux sceptiques ? 

« Actuellement, aucune étude ne démontre les bienfaits (ou une quelconque amélioration de la performance) des vêtements de compression durant l’effort, chaque étude a pourtant un protocole différent. Je trouve que la compression ne sert à rien, en revanche cela fonctionne très bien pour la récupération une fois l’activité terminée, cela diminue réellement le temps de récupération.

Par contre, pour être en contact constant avec des sportifs ou des amateurs de sports qui pratiquent une activité, ils utilisent les vêtements de compression aux jambes ou aux bras parce que cela donne une sensation de maintien ou de support musculaire. Ça donne un sentiment de confiance d’avoir un vêtement qui « aide » à la performance. L’effet placebo est très important selon moi lorsqu’on porte un vêtement de compression.

Sur le site de Kinesix, il est expliqué que nous utilisons le terme « compression » pour définir l’effet de maintien et de support musculaire du vêtement. »

Fabriquer tes produits au Québec est tout à ton honneur! Maintenant, niveau marketing, penses-tu que la production locale est encore un attribut différentiel fort ?

« Oui et non ! Oui c’est un attribut différentiel qui ajoute de la valeur et donc les gens te félicitent et t’encouragent à continuer. Non, parce que depuis tellement longtemps on est habitué à payer à bas prix que dans certains cas, on veut un produit québécois avec le prix de la Chine, ce qui est littéralement impossible. C’est donc un défi de taille de produire localement et d’offrir un prix compétitif à la fois, bien que ce soit possible malgré tout ! »

Quels sont les trois mots que tu aimerais que les gens retiennent quand ils entrent en contact avec ta marque ?

« Innovation, éthique et motivation. »

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L’entrepreneuriat à ses moments moins glorieux, as-tu une anecdote à me conter à ce sujet ?

« L’anecdote à laquelle je pense est sûrement ce que chaque entrepreneur en démarrage a vécu et cela implique le financement.

Cela faisait plus de 2 mois que je travaillais avec Futurpreneur pour recevoir un financement de 45000$ pour lancer mon entreprise en 2015. Ma conseillère m’avait fait modifier mon plan d’affaires pour correspondre à leurs attentes. Tout allait bien, ma conseillère m’appelle pour me confirmer que tout était en règle avec Futurpreneur et qu’elle s’assurerait que je reçoive l’argent rapidement. À ce moment-là, on était en avril 2015, mon chômage s’était terminé en décembre 2014 et je survivais tant bien que mal. Ma conjointe m’a beaucoup aidé et malheureusement j’ai fait exploser mes 2 cartes de crédit. Ma cote de crédit avait donc plongé dramatiquement puisque j’investissais beaucoup dans mon entreprise. Le point positif, j’allais quand même commencer avec la mesure STA du SAJE qui donnait 25000$ pendant 52 semaines. Donc lorsque ma conseillère me confirmait que Futurpreneur allait me financer, j’étais heureux, surtout après avoir attendu 2 mois. Elle finit donc la conversation en me disant que pour valider le tout, il fallait  qu’elle vérifie la cote de crédit. Trente minutes plus tard, je recevais un appel en panique de ma conseillère pour finalement me dire que ma cote de crédit n’était pas assez bonne pour Futurpreneur. Je ne serai pas donc pas financé et je ne recevrai pas les 45000$ pour lesquels j’ai travaillé pendant 2 mois à modifier mon plan d’affaires spécifiquement pour eux. Ça a vraiment été une grosse déception qui perdure encore, car se lancer en entreprise implique des sacrifices financiers et de l’investissement. »

En tant qu’entrepreneur, quelle est la dernière chose à laquelle tu penses avant de te coucher et qu’elle est la première chose à laquelle tu penses en te levant ?

« Au moment de me coucher, je pense à comment je peux améliorer mes produits et attirer l’intérêt. Au moment de me lever, je pense à mes dettes et ma situation financière, c’est un peu une façon de booster mon réveil et de trouver des solutions. »

Entrevue par Catherine Patenaude

Propulsée par Tak Design Industriel